Madame S.
Puisque les journaux
Appartiennent aux marchands d’armes
Et que la pensée condamnée au maintenant
Peut se noyer dans les écrans les paroles et l’argent
Puisque nous avons conquis
Le droit de salir nos âmes
Qu’un regain de fureur
Fait trembler nos lampes
Sous le souffle des bombes
Et qu’à nos enfants
L’avenir se dérobe
* * *
Assis sous mon arbre
Ivre de mes regrets
Heureux malgré tout qu’un jour tout s’arrête
Je pense à toi
Qui disparu par ma fenêtre
Je pense à toi
A ton souffle que le cou d’un autre accueille
A tes humeurs qu’il subit
Aux enfants qu’il te fera
Je connais cette vérité
L’amour d’une vie est unique
Et je t’ai manqué
Et tu me manques
C’est ton vœu de silence
Que je respecte à la limite
Ou se rencontre oubli et chagrin
Indifférence et regret
Regarde mes enfants
Tu sens combien je les aime
Te souviens-tu des serments
Muets comme nos traîtrises
Et nos corps enlacés sous les signes bruissants
Des moments insondables
Nos enfances oubliées
Nos tourments d’adolescences
Nos oublis nos regrets
Aujourd’hui ton absence
* * *
Puisque l’avenir appartient
Aux marchands d’armes
Et que Dieu est mort
Il nous reste le silence
Pour panser nos âmes
La vie continue
Entre adieux et sourires
Nos enfants sont ici
Notre cadeau à cette vie
Oublie moi
Aime moi
Pars
Reviens